Nous y sommes enfin.
Après une saison régulière de 18 semaines, un mois de matchs éliminatoires et une semaine de cirque médiatique à Las Vegas, la NFL présentera son Super Bowl annuel et il opposera les Chiefs de Kansas City aux 49ers de San Francisco.
Comme en 2020, mais pas tout à fait.
Nul besoin de vous rappeler que les Chiefs ont remporté le duel contre les Niners, 31-20, lors du premier Super Bowl de Patrick Mahomes. Tout comme c'est inutile de vous souligner la présence de Taylor Swift aux côtés de Travis Kelce.
Les histoires abondent à un peu plus de deux jours du Super Bowl LVIII et après tout le bruit, il restera, ultimement, le match sur le terrain. Une collision sans lendemain pour couronner les champions de la saison dans la NFL.
Les Chiefs sont familiers avec le parfum de la victoire. Les 49ers du 21e siècle, eux, cumulent les déceptions malgré d'excellentes saisons depuis la venue de Kyle Shanahan à la barre de l'équipe. Lui-même transporte, dans sa petite boîte d'amertumes du passé, le douloureux souvenir de la remontée des Patriots en 2017 alors que les Falcons affichaient une avance de 28 à 3.
Le Super Bowl a cette particularité d'avoir beaucoup de mémoire alors que l'attention croissante des médias remonte à la surface les moindres détails et les plus anodins souvenirs de tous les artisans des équipes finalistes.
Tout est passé au peigne fin. Saupoudrez à ce cirque une petite dose de Las Vegas et vous obtenez un classique avant même le botté d'envoi.
Alors, la grande question: qui remportera le Super Bowl LVIII?
Avant de vous offrir mon humble prédiction, parlons du match à venir un peu.
Patrick Mahomes et Brock Purdy
Qui aura le dernier mot en attaque?
Depuis 2018, au moment où Patrick Mahomes est devenu le partant à Kansas City, l'attaque des Chiefs est le ruban à mesurer pour le reste de la NFL.
Avec deux saisons de plus de 5000 verges à son actif, en plus de deux bagues du Super Bowl, le quart des Chiefs est devenu le nouveau visage de la NFL et sa vision du jeu surprend encore tous les observateurs.
Quand la température monte autour de lui, Mahomes trouve (presque) toujours une façon de mener ses troupes vers la victoire.
Sachant tout ça, c'est étrange de parler de la saison 2023 comme d'une période d'incertitude pour les Chiefs. Statistiquement parlant, c'est la saison où Mahomes a été le moins productif. En 2019, avec un match de moins, il a cumulé moins de touchés et de verges, mais les Chiefs avaient tout de même remporté leur division et 12 matchs.
Cette année, l'attaque a connu des impairs avec une rotation de receveurs incapable de former une connexion avec Mahomes. Évidemment, l'équipe s'est replacée au bon moment et Travis Kelce est redevenu la cible des grandes occasions depuis le début des éliminatoires.
Donc, tout baigne, non? Pas exactement.
Malgré des performances impeccables contre les Ravens et les Bills, on ne peut pas complètement écarter les incertitudes de la saison régulière quand on parle de l'attaque des Chiefs, surtout qu'elle sera confrontée au défi de taille que représente la ligne défensive des Niners.
Avec quelques blessures sur la ligne offensive, la créativité de Mahomes sera mise à rude épreuve alors que la pression proviendra des deux côtés. Sans dire que l'attaque de Kansas City est unidimensionnelle, elle passe invariablement entre les mains de Mahomes.
Si jamais le quart peine à trouver ses repères, le match pourrait vite devenir pénible pour les Chiefs.
C'est ici que l'avantage de l'attaque pourrait revenir aux 49ers en raison des munitions très variées de l'équipe.
Oui, Christian McCaffrey est le cheval de bataille du système créatif de Kyle Shanahan et de son équipe, mais « RUN CMC » peut aussi se détacher pour attraper des ballons en plus de créer de bons blocs pour ses receveurs et les autres armes polyvalentes à la disposition de Brock Purdy.
Ceci confère à Purdy le rôle de conducteur d'une locomotive drôlement puissante derrière laquelle un train bourré de talent suit la cadence sans trop broncher. Le quart des Niners, pour simplifier, n'a qu'a trouver des façons de mettre le ballon entre les mains des joueurs d'impact autour de lui et ils sont nombreux. Il y a McCaffrey derrière lui en plus du couteau suisse Kyle Juszczyk qui est listé officiellement comme un centre-arrière alors qu'il fait un peu de tout au sein de l'attaque. Ensuite, George Kittle est plus discret au niveau des statistiques, mais son impact est indéniable puisqu'on doit le surveiller en tout temps sur le terrain. Ça offre des couvertures « homme à homme » à Deebo Samuel et Brandon Aiyuk et les deux receveurs sont capables d'exploser au bon moment pour effectuer un gros jeu.
Comme je disais, Purdy n'a qu'à déposer le ballon au bon endroit et il le fait très bien. Sans être purement le produit d'un système, disons que tout est orchestré afin de mettre en valeur ses qualités. C'est la force du nombre et ici, le nombre, il est à son paroxysme en raison de la réalité contractuelle des Niners et du salaire ridiculement bas de Purdy en fonction de sa sélection avec le dernier choix du repêchage.
La fenêtre des Niners, telle qu'actuellement constituée, ne serait jamais ouverte plus grande. On peut se permettre d'attirer des joueurs clés à plein de position en raison des économies reliées au contrat de Purdy. Tout est finement orienté afin de maximiser cette fenêtre d'opportunités.
La deuxième demie contre les Lions de Detroit, lors de la finale d'association, est une belle démonstration de la force du nombre de l'arsenal offensif des Niners. Aucune avance n'est insurmontable lorsque les gros jeux peuvent provenir de toutes les zones de l'attaque.
Cette incroyable polyvalence, c'est une tempête parfaite avec laquelle les Chiefs devront conjuguer dans ce qui sera, à mon avis, une grande démonstration de stratégies surprenantes afin de trouver la zone payante.
Alors, on mise sur Mahomes ou sur l'entièreté de l'unité offensive des Niners? Poser la question ainsi, c'est un peu y répondre même si parier contre Mahomes, historiquement, n'est pas la meilleure façon de conserver ses économies.
Chris Jones et Nick Bosa
Deux défensives exceptionnelles
Un paradoxe célèbre soulève une question qui force la réflexion: que se passe-t-il lorsqu'une force irrésistible rencontre un obstacle inébranlable?
Cette image encapsule bien, à mon avis, l'inévitable collision entre deux très bonnes attaques et deux excellentes défensives.
Celle des Chiefs, par exemple, sous le regard attentif du savant fou Steve Spagnuolo, a limité les Ravens à 10 points en finale d'association et les Dolphins à 7 points pour lancer les éliminatoires. On parle de deux des meilleures offensives de l'AFC lors de matchs sans lendemain.
En 2023, c'est la défensive des Chiefs qui a tenu le gouvernail du navire en route vers le Super Bowl. Mahomes et Kelce sont les vedettes de l'équipe, mais c'est la défensive qui s'est retroussé les manches durant toute la campagne pour que les victoires s'alignent malgré tout.
Et lors de ce Super Bowl LVIII, c'est aussi la défensive des Chiefs qui aura le mandat de dicter le ton et d'empêcher les Niners d'exploser avec de gros jeux. Pour se faire, il faudrait miser sur le maillon faible d'une machine bien huilée: l'inexpérience de Brock Purdy.
Les Lions ont fait le premier jet de ce plan en muselant complètement les Niners avec une pression soutenue et des blitz camouflés lors de la finale d'association. Spagnuolo a certainement remarqué le tout et il sait que la clé pour dérailler l'attaque des Niners, c'est de déstabiliser Purdy.
L'obstacle inébranlable, ici, c'est la tertiaire des Chiefs et la créativité sans fin de Spagnuolo pour tracer les bons jeux aux bons moments.
La force irrésistible, par contre, c'est le front défensif des Niners mené par Nick Bosa et Chase Young, deux chasseurs de têtes d'exception avec un seul mandat dimanche: renverser Mahomes sur son derrière le plus souvent possible.
Les deux prédateurs des Niners ont le luxe d'avoir Fred Warner derrière pour patrouiller le milieu du terrain et dicter les positions de tous les secondeurs autour de lui. En fait, la présence de Warner est plus qu'un luxe, c'est le cœur qui fait battre une défensive drôlement efficace avec les outils pour éteindre n'importe quelle attaque.
Peut-être même celle des Chiefs dimanche.
Mahomes sera en position d'exploiter la tertiaire des Niners, puisqu'il est en mesure de le faire contre toutes les formations de la NFL. Ce sera le rôle des secondeurs d'enlever le milieu du terrain de l'équation.
On vous rappelle que le milieu du terrain, c'est la résidence permanente de Travis Kelce.
Pas évident d'enlever de l'équation celui qui sera sans doute le meilleur ailier rapproché de sa génération lorsqu'il accrochera ses crampons pour fredonner des chansons mielleuses avec sa dulcinée aux quatre coins de la planète.
Bref, on s'égare.
Tout ça pour dire que les défensives auront le gros bout du bâton et, ultimement, c'est un jeu défensif qui freinera les ambitions d'une des deux équipes.
Reste à savoir qui aura cet honneur.
Le Super Bowl LVIII
Le verdict
Alors, qui gagnera le match?
Je vous épargne les stats avancées, parce qu'on pourrait passer la semaine ici. Chaque aspect de ce match peut être scruté à la loupe afin de trouver une tendance forte.
Mais dans le fond, c'est relativement simple. Est-ce que les Niners pourront freiner Patrick Mahomes lors d'un Super Bowl?
Le seul qui a réalisé l'exploit, c'est Tom Brady, aussi reconnu comme étant le joueur le plus décoré de l'histoire avec sept championnats.
C'est tout un mandat sous les projecteurs et le regard attentif de l'Amérique au grand complet.
Sauf que si une équipe peut le faire, c'est cette édition des 49ers. Tous les éléments sont en place. Les joueurs ont goûté à l'échec avec deux défaites consécutives en finale d'association avant de revenir au match ultime. Kyle Shanahan voudra associer son nom à un grand triomphe pour se débarrasser de l'étiquette de l'entraîneur qui ne remporte pas LE match.
Ce Super Bowl sera chaudement disputé avec deux défensives ambitieuses. À mon avis, les jambes de Christian McCaffrey mèneront les Niners jusqu'à la terre promise et, poussé par le vent, il offrira aux partisans californiens un premier grand triomphe depuis les années de gloire de Steve Young.
La prédiction: 49ers 27, Chiefs 21 et un titre de MVP pour McCaffrey
